Août 2008 - Ferragosto à Naples.
Une chape de nuages diffus plombe la ville engourdie par la chaleur. Les rares passants sont accablés par la canicule et la ville est étrangement silencieuse.
A tous les coins de rue s'amoncellent des tas d'ordures éventrés. Les rideaux de fer sont baissés. Le vent souffle d'Afrique, brûlant et chargé de sel.
L'heure avance et un frémissement d'activité secoue la torpeur.
Aux fenêtres, des hommes en tricot de peau prennent l'air en matant la rue. Quelques camionnettes pétaradantes rompent le silence et aux fenêtres, le linge qui sèche se gonfle de brises marines et claque au vent.
Dans les ruelles asphyxiées de chaleur et d'humidité seuls s'agitent des "ragazzi" au regard noir qui font de mystérieux va-et-viens entre les tas de déchets, entassant les sacs et poubelles et les emballages dans des caddys de supermarché : c'est tout un réseau parallèle de ramassage d'une incroyable complexité qui trie, ramasse et déplace les ordures.
Nous parcourons les ruelles en collant les vinyls, sous le regard étonné des vieilles dames tapies dans les sonbres ruelles, un chapelet à la main, et qui égrènent des souvenirs en marmonnant des prières inaudibles.
Il faut dire que les murs sont un vrai palimpseste où des milliers de mots se superposent et s'entrelacent, où les graffitis tissent une toile infinie...
Déclarations d'amour, propositions salaces, slogans politiques, insultes raciales, horions de supporters, pochoirs d'ultras, dévotions et tous simplement prénoms gravés dans le stuc...