Rue Stick...

Rue du Petit Musc, dimanche 27 septembre

 

La horde sauvage des colleurs envahit la rue.

En quelques minutes, le mur gris se couvre d'images multicolores et incroyables. Les photographes sont là, les videos tournent, c'est un grand succès... on boit un coup, on nettoie la colle... C'est beau.

http://www.dailymotion.com/video/xbiawz_ruestick3_creation

avec
Nice-Art, Kanos, Astro, Kouka, Epsylon Point, Mara, Urbanhearts (aka Eric Maréchal) Titi from Paris, Croaam, Armis, JB, R2rien, Skull, Skio, JSM, Sean Hart, John Forceps, Duster, Lorcolors, Ram Ylen, David Gouny, Melle Chatchat, Looniz, Papy Microgramme (Gorellaume), Ender, Yz (Open your eyes), Zede, Grapheart, Antistatik, 3615, FKDL, Tian, Outilspyral, Dubwise, Gabri Le Cabri, Fap Eyla, Asty & Damuz, Caméléon, Run, Baltaz-art, Mimi le Clown, Megno (aka Gnome), Mokoso, Tchikioto, L'Oeilpartoo, Ornez, Fakir, Zoka Tos, Lapin QbiQ, Looniz, Yarps, Pedro, Kerel, Suriani...
 

Au dōjō, tout comme dans n’importe quelle activité quotidienne au Japon, le salut est une attitude empreinte de respect envers autrui ; le salut n’étant qu’une expression du Reigisahoo (Reigi : politesse ; Sahoo : étiquette), plus généralement appelée Reishiki et respectée dans les dōjō ; du moins, le devrait.

 

L’étiquette dans le dōjō n’est pas conçue pour glorifier les anciens, encore moins pour contribuer à un quelconque mysticisme des arts martiaux et n’a aucun rapport à une religion. Il ne s’agit seulement que du respect de bonnes manières permettant la discipline, un travail en sécurité et une disposition d’esprit ainsi qu’un engagement optimal lors des entraînements. Les saluts doivent être sincères dans l’esprit du dōjō kun.

 

L’idée que cette étiquette fasse appel à un cérémonial protocolaire complexe (voire désuet), idée couramment répandue chez les novices, est absolument injustifiée car les japonais ont, a contrario, l’art de réduire au minimum les gestes inutiles et d’aller à l’essentiel en parfaite harmonie. Pour s’en convaincre, observez une cérémonie du thé qui est élevée au rang d’Art avec ses Maîtres et ses écoles (Urasenke (1)) : chaque geste est mesuré, simple et efficace.

 

Le salut adopté dans les arts martiaux, tant debout (Ristsurei) qu’assis (Zarei) est issu de la codification de la cérémonie du thé (Chanoyu), puis adaptée au port des armes et armures dans le bushido pour certains « aménagements » (les samouraïs [Bushi]  en armures saluaient en inclinant uniquement la tête par exemple).

 

Deux formes de salut sont possibles, avec toutefois une multitude de variantes que nous ne mentionnerons que brièvement pour certaines, afin de comprendre qu’un éventail de subtilités est constant dans le Reishiki.

 

Ritsurei (salut debout)

Droit, mais pas rigide (ce n’est pas un salut militaire !), les paumes des mains le long des cuisses en position Musubi Dachi (Dachi : posture, debout - talons collés, pieds à 45 degrés), puis on incline lentement le tronc vers l’avant (idéalement en expirant silencieusement), marquer un temps (2) avant de se redresser en position initiale (en inspirant).

A noter que pour un salut plus personnel ou empreint de grande humilité face à un hôte de rang élevé ou pour lequel on souhaite marquer un respect plus marqué, les mains sont posées plus avant sur les cuisses et non sur les côtés, voire complètement sur l’avant (généralement réservé aux intimes).

 

 

Les récupérateurs...

 
 

Les équipes de nettoyage

 

Dès le lendemain, les équipes de nettoyage se mettaient à l'oeuvre, avec des lances à eau, des raclettes et des spatules pour nettoyer tout ça...

Finie la couleur...

Finie la création...

Le beau a cédé sa place et le mur a retrouvé son aspect gris, banal et dégueulasse.

Bien sur, c'est le jeu, mais quand même...

 

 

 

Zarei (salut assis)

La position traditionnelle assise nippone, en Seiza, utilisée dans tous les arts martiaux et dans la vie quotidienne japonaise est également issue du Chanoyu. Il est fréquent en Occident de s’assoir en commençant par fléchir la jambe gauche pour se positionner en Seiza. Il s’agit normalement de la jambe droite en premier ; vous verrez rarement une autre façon au Japon. Cela n’est plus d’une importance vitale aujourd’hui, mais il y a quelques siècles, avec un Katana « sashi omote » (sabre porté à la ceinture [Obi] à gauche ; tranchant de face), il aurait été imprudent de se tromper face à un adversaire ! Sahoo… mais avec Zanchin !

Toutefois, il est de coutume en Occident de se "mettre en seiza" dans les dojo en commençant par la jambe gauche. Suivez la règle définie par votre senseï. Le Chanoyu indique pour sa part que la seule règle (inapplicable dans un dojo) est que l'on se positionne en seiza en fléchissant d'abord la jambe du côté de son hôte et lorsque l'on se relève (pour ne pas découvrir son entrejambe, ce qui est impoli).

 

Toujours partant d’une position Musubi Dachi, on descend verticalement en fléchissant la jambe droite et en posant le genou au sol, le bol du pied (Koshi (3)) restant au sol. Ensuite la jambe gauche, puis seulement lorsque l’on s’assied sur ses talons, les orteils des deux pieds se positionnent simultanément à plat sur le sol. Posture droite, légèrement sur l’avant, les bras détendus et fléchis le long du corps, les mains à plat le long et sur les cuisses. L’écartement des genoux est de deux poings fermés pour les hommes, d'un seul pour les femmes, les orteils peuvent se toucher mais pas se croiser (au plus, les deux gros orteils). Le salut se fait par l’inclinaison du buste droit en faisant glisser le long des cuisses les mains en commençant par la gauche pour venir se poser et se rejoindre, les deux index se touchant, au sol (bras légèrement fléchis, les fesses restant collées aux talons). Après un bref temps mais marqué, l’on redresse le buste, les mains reprennent « en sens inverse » leurs positions sur les cuisses, puis on se relève en décollant d’abord les fesses des talons pour plier les orteils des deux pieds et poser le bol du pied au sol, on relève la jambe gauche en premier, puis la droite. Les pieds doivent immédiatement être positionnés en Musubi Dachi et éviter de faire un déplacement d’avant en arrière pour revenir à sa position de départ ou se rééquilibrer.

 

A noter qu’il est tout à fait admis au Japon que l’on salut « à genoux », à la place du seiza pour peut que l’on signale au paravant au sensei (généralement pour des raisons ostéoarticulaires).

 

L’inclinaison et le regard dans les saluts

C’est ici que s’exprime le plus l’éventail de subtilités que l’on maîtrise avec le temps et la pratique. Concernant l’inclinaison, tant en Ritsurei qu’en Zarei, la codification ancestrale du Chanoyu, qui est la référence absolue du « savoir vivre » japonais, décrit trois niveaux (Shin, Gyo, So), fonction du rang ou du respect que l’on souhaite démontrer à la personne saluée. Par la suite, les contingences guerrières ont adaptées ces niveaux fonction du risque d’attaque de l’adversaire (car on salue son adversaire et on le respecte). 

 

 Ainsi, idéalement, en Ritsurei, lorsque l’on salue l’entrée dans le dōjō, ou en Zarei lorsque l’on salue le Maître, le sensei ou les sempai, on s’inclinera plus bas, sans découvrir la nuque toutefois, avec les yeux fermés ou mi-clos en signe de grand respect (Shin) et avec confiance. Il en va différemment lorsque vous saluerez en Ritsurei votre adversaire avant un kumite : restez vigilant (Zanchin) et ne le perdez pas de vue. Ainsi le salut sera plus bref avec le regard qui ne quitte pas votre adversaire. C’est ce même type de salut que vous utiliserez après une explication, qu’elle soit collective ou individuelle, du sensei ou d’un sempai ; elle fait partie de l’étiquette ; c’est une façon pour vous de remercier et d’indiquer que vous avez compris. Dans beaucoup de dōjō, ce salut est accompagné d’un « Osu ! » [Prononcer « Ouss ! »] sur lequel nous reviendrons dans un autre chapitre, notamment sur son origine et sa signification.

 

Le regard, est également une question de bon sens et de courtoisie. Lors d’un salut debout (Ritsurei) de votre adversaire, le fixer dans les yeux peut être perçu comme un défi (4) ! Un signe de respect sincère vous fera baisser les yeux mais en observant au minimum les jambes de votre adversaire pour parer à toute attaque. La gestuelle du corps est également importante et peut traduire votre état d’esprit (fatigue, excitation, arrogance, peur, etc.). C’est la raison pour laquelle il est utile de la contrôler.

 

Le protocole des saluts en cours


La disposition des karateka dans un dōjō impose le protocole des saluts. Le portrait du Maître (G. Funakoshi, mais également souvent le fondateur d’un style ou d’une école) est apposé au mur (ou sur un autel) [kamiza] face aux kohai (élèves les moins gradés) alignés par grades [Shimoza]. Les sempai (« anciens » et plus gradés) sont souvent alignés sur le côté [Jozeki]. Le sensei (ou le sempai qui donne le cours) est positionné dos à Kamiza, face aux kohai.

 

 

 

Le salut se déroule en plusieurs phases :

 

 Avant le début du cours :

- Alignement parfait des élèves dans le calme (qui ont préalablement arrangés leur tenue face à Shimoza), dans une position d’attente (Hachiji Dachi), puis sur ordre du sampai le plus gradé, position assise en Seiza (« Seiza ! »).

- Sur ordre « Mokuso », court temps de méditation yeux clos jusqu’à nouvel ordre (« Mokuso Yame »)

- Le sensei se tourne alors vers Kamiza (ou Shomen), toujours en Seiza, puis sur ordre du sempai :

- « Shomen Ni Rei » (littéralement « salut en face »). Salut du Maître fondateur par tous. Le sensei se tourne ensuite vers les kohai, puis :

- « Sensei Ni Rei ». Salut du sensei par les élèves (ou « Sempai Ni Rei » s’il s’agit d’un sempai remplaçant). Sensei ou le sempai qui donne le cours reste en Seiza ; il reçoit le salut avant de le rendre.

- Si les sempai sont positionnés « Joseki » (sur le côté), les kohai effectuent une légère rotation vers la droite pour leur faire face et les saluent avec « Otagani Rei ». Il s’agit du salut de tous les élèves entres-eux (Sensei peut également saluer en marque de respect pour ses élèves). Ce salut est souvent ignoré dans les dōjō occidentaux.

- Retour en Seiza « Shomen » (face), puis sur ordre « Kiritsu » (« debout ») retour en position Hachiji Dachi.

 

Après la fin du cours :

 Le salut en fin de cours en Seiza est le même, à la différence qu’avant méditation (Mokuso), le dōjō kun est récité (le sempai le plus gradé énonce à voix haute chaque précepte, repris par tous) avant les saluts « Shomen Ni Rei » ; « Sensei Ni Rei » (ou « Sampai Ni Rei ») et « Otagani Rei ».

Un salut peut être effectué debout (Ritsurei), avec les mêmes saluts (Shomen, Sensei, Otagani) généralement par faute de temps, mais rarement en début de cours.

 

Ces saluts très codifiés, sont bien plus simples à exécuter que la lecture de leurs descriptions !

Après quelques cours, il s’agit d’automatismes. Ce sont toutefois des moments privilégiés pour se ressourcer et se concentrer avant et après des exercices. Ils ne doivent pas être perçus comme une contrainte « folklorique », et un minimum de pédagogie doit être entrepris pour les nouveaux venus, en particulier pour les plus jeunes. Cette discipline vaut également plus généralement pour le Reishiki (« étiquette »), en ne permettant pas, par exemple, des tenues ou attitudes négligées, lors d’interruptions pour explications ou brefs temps de repos ou de réhydratation accordés par le sensei : la position assise Seiza ou encore Anza (« en tailleur »), sont faites pour cela !

 

 

(1) Urasenke : la maison arrière de Sen [ura :arrière] ; qui accepte les élèves [deschi] étrangers - en opposition à Omotesenke ; la maison de devant [omote : devant] qui n'accepte pas les élèves étrangers.

(2) Inclinaison unique de 3 secondes si l'on se réfère strictement au Reishiki.

(3) Bien que signifiant "hanche" en japonais, koshi désigne le bol du pied dans les arts martiaux.

(4) C'est toutefois ce qui est couramment pratiqué et recommandé avant un kumite dans les arts martiaux.

(Article rédigé par Lionel D.)